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#4 De toutes les matières...

6 décembre 2018

Avant de se transformer en une gigantesque industrie polluante, le textile était - et reste - un milieu fascinant, où les savoir-faire ancestraux s'entrecroisent avec la passion d'artisans, de stylistes et d'agriculteurs. Coton, chanvre, lin, cuir... : les fibres textiles abondent et, de leur culture à leur recyclage, toutes n'ont pas le même impact environnemental. À l'heure de passer en magasin, apprendre à lire les étiquettes permet de choisir les moins nocives pour notre santé et pour l'environnement.

L'empreinte écologique des matières textiles

Pour déterminer l'empreinte écologique des matières textiles, le cabinet Brown & Wilmanns, spécialisé dans le conseil en environnement, s'est penché sur les cinq critères suivants :

  1. Toxicité pour l'homme, du producteur au consommateur
  2. Dégradation de l'environnement
  3. Émission de Co2
  4. Consommation d'énergie
  5. Consommation d'eau

Résultats ?

(E ayant le plus mauvais impact et A le meilleur)

Premier constat : le polyester et le coton - les matières les plus utilisées au niveau mondial * - sont malheureusement aussi les plus polluantes et les plus gourmandes en ressources. D'autres fibres, comme le bambou par exemple, ne sont pas écologiques, contrairement à ce que l'on peut croire (le pourquoi ici).

Second constat : les solutions existent ! Lin, fibres recyclées ou seconde main, chanvre, coton bio...Il est parfaitement possible de s'habiller avec la conscience tranquille.

Troisième constat : l'innovation progresse, et de nouvelles fibres plus vertueuses sont apparues.

Petit tour d'horizon pour mieux choisir ses habits

Tencel (ou lyocell)

Fibre cellulosique produite à partir de pulpe de bois de feuillus, d'eucalyptus ou encore de bambous, généralement des arbres issus de plantations gérées durablement et certifiées FSC.

Photo : une robe 100% tencel de la marque éthique People Tree.

Abaca

Appelée aussi chanvre de Manille, l'abaca est une fibre extraite du tronc d'un bananier originaire des Philippines. Le bananier n'est pas arraché mais coupé à 40 centimètres du sol et repousse en deux ans.

Pinatex

Du cuir à base d'ananas ! Aux Philippines encore, les hommes s'habillent de vêtements constitués de fibres d'ananas lors des mariages traditionnels ou d'événements importants.
Pour en savoir plus sur le process de fabrication, allez jeter un coup d'oeil sur cette page.

Photo : des chaussures faites à base de Pinatex, de la marque portugaise BBoheme.

Ramie

Plante de la famille des orties, le ramie est utilisée depuis des millénaires en Asie dans la confection textile.

Photo : les deux T-Shirts sont 100% ramie, de la marque américaine Outlier.

Lin

Le saviez-vous ? La France est le premier producteur de lin au monde. Nous vendons même une grande partie de notre production à... la Chine. Fibre textile dominante pendant des siècles en Europe, le lin nécessite très peu d'eau pour sa culture et possède des propriétés respirantes idéales.

Photo : la nouvelle marque Spl!ce a pour ambition de moderniser les vêtements en lin et de proposer des modèles (presqu') entièrement français et compostables, comme ces T-shirts tunisiens. Pour mieux connaître ce beau projet, c'est par ici !

Et les matières synthétiques ?

Polyamide, polyester, acrylique... : les matières synthétiques sont dérivées du pétrole et peuvent s'avérer nocives pour notre santé. Bien que recyclables (mais pas infiniment), le polyester et ses compères finiront leur vie incinérés (dégageant ainsi du Co2) ou enterrés, libérant au passage des microparticules dangereuses dans les sols et les cours d'eau, qui se retrouvent dans nos assiettes via la chaîne alimentaire.

Plus grave encore : à chaque passage en machine à laver, ces vêtements dégagent des microparticules, trop fines pour être filtrées par les systèmes d'épuration. Ces éléments permettent donc de relativiser la bonne note obtenue par le polyester recyclé dans l'étude citée au début de cet épisode.

Cela vous semble abstrait ? Une petite vidéo de TedX bien faite pour comprendre le problème des microparticules :

Consciente de ce problème, la marque française éco-responsable Hopaal, qui propose des vêtements en polyester recyclé ou à base de bouteille plastique recyclée, vend un sac de lavage, le Guppyfriend, qui limite la fuite de microfibres dans la nature.

Et maintenant, que vais-je faire ?

À l'heure de choisir ses vêtements en magasin :

  • achetez les vêtements qui existent déjà. C'est le moment de revoir ses préjugés sur le seconde main et les friperies ;
  • privilégiez les matières à l'impact écologique moindre : lin, chanvre, coton bio, tencel, laine issue d'élevages responsables ;
  • évitez les matières synthétiques et, dans la mesure du possible, le coton conventionnel.
  • renseignez-vous sur les labels textiles : GOTS, BioRe, Oeko Tex...Ils sont nombreux et leur fiabilité varie beaucoup. Un article pour tout comprendre à ces labels ici.

* Source : La mode sans dessus dessous, Infographie de l'Adème et Qu'est-ce qu'on fait

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