Solution miracle pour les uns, mirage pour les autres : difficile d’avoir un avis tranché sur la voiture électrique tant les informations contradictoires se succèdent.
Le journal Le Monde a réalisé une très bonne vidéo qui résume en sept minutes les enjeux et permet d'apporter une réponse nuancée mais claire : oui, la voiture électrique est plus écologique, mais sous certaines conditions. Pour les paresseux, retrouvez sous la vidéo un résumé des faits.
Une fabrication gourmande en énergie et matières premières
À sa construction, une voiture électrique émet 50% plus de CO2 qu’une voiture thermique. Sa batterie et son moteur, complexes à construire, requièrent davantage de matières premières, dont les fameux métaux rares (cobalt, graphite, lithium, manganèse, nickel). L'extraction de ces derniers demande à l’heure actuelle beaucoup d’énergie, d’eau et de produits chimiques polluants. Les industries opérant dans ce secteur se retrouvent habituellement dans des pays à la législation environnementale généralement peu contraignante, comme la Chine.
Plus écologique à l'utilisation...sous certaines conditions
C’est un fait : la voiture électrique n’émet pas de CO2 quand elle roule. Toutefois, pour recharger ses batteries, il faut de l’électricité, qui dans beaucoup de pays, provient encore des énergies fossiles. Dans cette situation, la voiture électrique n’est pas vraiment plus écologique puisqu’elle ne fait que déplacer le problème : l’air est plus pur à l’endroit où elle roule, mais la pollution est produite plus loin, là où se trouvent les centrales électriques. Un argument qui pousse à développer davantage les énergies renouvelables, afin de verdir le bilan carbone des voitures électriques.
Et en France ?
Chez nous, la situation est quelque peu différente : la majorité de l’électricité française est d'origine nucléaire. Bien que posant d’autres problèmes (dangerosité, stockage des déchets), le nucléaire ne produit pas ou peu de Co2. L’électricité pour recharger les batteries ne provenant donc pas d’énergies fossiles, le bilan écologique de la voiture électrique devient meilleur que celui de sa consoeur thermique au bout de 40 000 kilomètres, soit en moyenne 4 ans d’utilisation pour un Français.
Une fin de vie problématique...pour l'instant
Dernière problématique : la question du recyclage des batteries, dont la durée de vie oscille entre 8 et 10 ans. Leur recyclage reste aujourd’hui compliqué et coûteux, à tel point qu’extraire de nouveaux métaux dans une mine revient moins cher que recycler une ancienne batterie. Faute de volume suffisant, la filière de recyclage des batteries ne s’est pas encore constituée, mais avec l’augmentation des ventes de voitures électriques et l’obligation européenne de recycler 50% du poids des batteries, la situation devrait changer à l’avenir.
Enfin, en ce qui concerne les microparticules, match nul entre voitures électriques et voitures thermiques : les pneus, les freins et l’usure des routes émettent des microparticules que vous rouliez dans l’une ou l’autre.
La solution : changer nos modes de déplacement
En résumé : la voiture électrique, sous certaines conditions, constitue une des solutions pour faire baisser notre impact sur la planète, mais ne peut prétendre au titre de solution miracle. Si l'hydrogène semble une voie prometteuse (voir l'épisode 8), le coût encore élevé et le nécessaire développement des infrastructures ne permettent pas de répondre aux besoins urgents de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
La solution existe déjà, et elle ne nécessite aucune prouesse technologique : changer nos habitudes. Sortir du tout-voiture dans les villes et les zones urbaines, développer les modes de transport doux, faciliter le télétravail, multiplier les espaces de co-working, limiter ses trajets en voiture à l’essentiel lorsqu'on habite à la campagne… Face à l’urgence climatique, nous ne pourrons pas continuer à vivre au XXIe siècle comme nous vivions jusqu’à présent. Mais est-ce vraiment une si mauvaise chose ?
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