Un bébé zéro déchet, est-ce vraiment possible ? Pour diminuer drastiquement son empreinte écologique, il suffirait tout simplement de...ne pas faire d'enfants. Heureusement, avant d'en arriver à une solution aussi extrême, il existe bel et bien des solutions pour éviter que bébé rime avec déchets.
(Dé)coucher bébé
Autant commencer par l'essentiel, le nerf de la guerre et le principal moyen d'expression des nourrissons : leurs fesses.
Les couches jetables représentent 750 000 tonnes de déchets produits par an ; pour un seul enfant, elles représentent 4,5 arbres, 25 kg de plastique obtenu grâce à 67 kg de pétrole brut, et entre 4 000 et 6 500 couches jetées aux ordures ménagères. Non valorisable, une couche jetable met 500 ans à se dégrader en décharge. Incinérée, elle consomme une énergie significative et émet des gaz toxiques et du C02.
Comme d'habitude, ce qui n'est pas bon pour l'environnement ne l'est pas davantage pour l'être humain : la plupart des couches jetables contiennent une vraie soupe de perturbateurs endocriniens, dans laquelle baignent nos petites têtes - enfin, fesses - blondes à longueur de journée.
Bref, ça fait cher payé le caca.
Heureusement, la solution existe déjà depuis longtemps : les couches lavables. Si possible en coton bio, pour éviter à votre descendance tous les effets sympathiques des perturbateurs endocriniens.
Puisqu'on y est, autant faire aussi des économies et moins de déchets :
- du côté des lingettes, en investissant dans des lingettes réutilisables en coton (bio, c'est encore mieux). Des sites comme Brindilles.fr, Bébé au naturel ou Les Tendances d'Emma en proposent différents modèles.
- évitez sopalin et mouchoirs en papier avec des langes en tissus pour essuyer les petites bévues de bébé
C'est vraiment plus écolo cette histoire ?
Inutile de finasser : la réponse est oui. Attention : zéro déchet ne signifiant pas zéro impact, couches jetables comme couches lavables ont un impact sur l'environnement, mais à des stades de vie différents.
Côté jetables, d'après une étude britannique traduite par l'Ademe, la consommation de matières premières et la transformation constituent les postes les plus lourds. Entre le pétrole pour les plastiques, le bois et l'eau pour la cellulose, le chlore pour le blanchiment, les usines et les transport gourmands en énergie, c'est l'environnement qui déguste.
Les couches lavables, elles, ont un impact lorsqu'elles sont lavées - logique - puisqu'eau et électricité sont nécessaires. Néanmoins, si elles sont utilisées dans des conditions optimales, c'est-à-dire lavage à pleine charge, à 60 degrés maximum et séchage en extérieur, l'impact chute considérablement. Si un petit frère ou une petite sœur prend le relais, alors là jackpot, les pingouins applaudissent.
Un article du Monde résume très bien le match couches jetables vs couches lavables. Pour y accéder, c'est par ici.
Je n'ai pas le temps !
...entend-on dire souvent de la part des jeunes parents pressés et effrayés. Passer des couches jetables aux couches lavables est-il vraiment plus chronophage ? Regardons cela de plus près :
Couches jetables
- acheter plusieurs fois par semaine / par mois des couches jetables
- les déballer et les ranger le cas échéant
- changer bébé
- jeter la couche usagée
- vider les poubelles très fréquemment
- racheter des couches
- ... et ainsi de suite
Couches lavables
- acheter une seule fois un pack de couches lavables
- les ranger
- changer bébé
- retirer le voile de protection et mettre la couche dans la corbeille prévue à cet effet
- laver et étendre
- ... et ainsi de suite
Si à l'instant T les couches jetables peuvent paraître plus rapides, en prenant en compte toutes les étapes ce n'est pas vraiment le cas. Autre avantage : inutile de se préoccuper avec les stocks de couches quand on passe aux lavables.
Il existe différents types et marques de couches lavables, à chacun de se faire son idée en fonction de ses besoins. Des sites comme Lilinappy, Planète Papas ou Magic Maman expliquent en détail comment faire son choix. Ici, un témoignage très instructif de jeunes parents.
Si le changement vous semble trop important, pourquoi ne pas alterner couches lavables la nuit par exemple, et jetables le jour ? Un bon moyen pour s'y mettre en douceur...Pour info, seules deux marques de couches jetables ont été jugées sûres et sans perturbateurs endocriniens dangereux par 60 millions de consommateurs : il s'agit de Mots d'enfants (marque repère de Leclerc) et Love&Green. En plus, elles font partie des moins chères du marché ! Pas zéro déchet mais au moins zéro risque pour la santé des nourrissons (ici, un article intéressant sur les effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur le développement des petits garçons).
Et ça coûche combien ?
Marianne Markmann, auteur du guide Les couches lavables, le retour, a fait des calculs précis dont les détails sont ici. Pour la faire courte :
- en moyenne, un nouveau-né utilisera 4 380 couches jetables avant d'être propre, pour un budget moyen total de 1 300 euros.
- Du côté des couches lavables - prix d'achat, consommation d'eau, d'électricité et de lessive écolo inclus -, la facture atteint 540 euros pour un lot de 18 couches lavables et 740 euros pour un lot de 36.
Si l'investissement de départ peut donc sembler onéreux, sur le long terme, les économies côté couches lavables sont donc substantielles.
Rêvons un peu...
Depuis plusieurs années déjà, des entreprises ont décidé de venir en aide aux jeunes parents pressés mais soucieux de l'environnement et du bien-être de leurs enfants. Comment ? En proposant un service de location, collecte et lavage de couches réutilisables. Une fois par semaine, il suffit de déposer le sac de langes sales devant sa porte, et les ''écolaveurs'' passent le ramasser et l'échanger contre un lot propre. A ce jour, on ne recense malheureusement que sept entreprises de ce genre sur le territoire français, comme Eco'service, en Alsace.
Imaginons maintenant que ce système soit généralisé : nouveaux emplois locaux créés, impact positif sur l'environnement et diminution de l'impact écologique avec une collecte des couches usagées en véhicule électrique ou en vélo, et une électricité verte pour faire tourner les machines à laver.
Pourquoi ne pas aller encore plus loin et rêver que l’État soutienne ces entreprises, que ce soit par incitation fiscale ou en prenant en charge une partie de l'abonnement ? Voilà peut-être une bonne occasion pour repenser le sempiternel débat sur l'augmentation ou la baisse du montant des allocations familiales : en subventionnant ce genre d'abonnement, l’État aurait la certitude que les deniers publics soient utiles à l'économie locale.
Rajoutons les économies de gestion des déchets dues aux couches jetables - 74 millions d'euros annuels tout de même - et la diminution de l'exposition aux perturbateurs endocriniens, et tout le monde serait gagnant. Un jour, peut-être ?
Une image pour résumer
Les chiffres entre l'article et l'infographie diffèrent légèrement car dans dans cette dernière, les chiffres ont été calculés sur la base de 6 500 couches jetables utilisées jusqu'à la propreté de bébé, alors que l'article se base sur une fourchette entre 4 500 et 6 500.
Sources :
- Des substances toxiques détectées dans presque toutes les couches bébé, Le Figaro, janvier 2017
- Les couches pour bébé contiennent des substances toxiques, France Inter, janvier 2017
- Le match du jour : couches jetables ou lavables?, Le Monde, décembre 2009
- Couches lavables / couches jetables, le match, Magicmaman,
- Guide d'utilisation des couches lavables, Ademe
- Des résidus toxiques dans les couches pour bébé, 60 millions de consommateurs